Un dimanche soir en famille, en choisissant quoi regarder, on a sélectionné le film « Chacun sa vie ».
Le maître du cinéma français n’a malheureusement pas été à la hauteur des attentes, mais deux personnages du film ont été mémorables. Le premier, bien sûr, est l’acteur principal qui a décédé il y a deux ans, dont les péripéties juridiques en matière d’héritage ont été suivies par toute la France pendant tout ce temps.
Le second, un personnage qui a retenu l’attention, interprétait un juge provincial, client de longue date d’une travailleuse du sexe dont le juge était amoureux et à qui il a offert une demande en mariage. Le visage du juge me semblait familier, et j’ai même regardé spécifiquement la répartition des rôles.
Il a été interprété, c’est qui est déjà amusant, par Eric Dupont-Moretti, un avocat en droit pénal français bien connu, un des ténors de la profession d’avocat. Ce rôle est d’autant plus anecdotique que M. Dupont-Moretti, qui est le président du jury, est connu comme « Acquitteur » en raison de son nombre record d’acquittements et de sa relation conflictuelle avec le pouvoir judiciaire.
Il n’est pas rare qu’un avocat français change temporairement son manteau d’avocat pour celui d’acteur. Il suffit de se rappeler un autre célèbre « ténor de la profession d’avocat », qui, à l’âge de 83 ans, est monté sur scène et est devenu le prototype de quelques personnages de cinéma et le protagoniste d’un film documentaire.
Eric Dupont-Moretti a également joué au théâtre l’année dernière, a apparu dans au moins cinq films et a animé une émission de radio. En bref, M. Dupont-Moretti est un avocat médiatique. La presse française n’est pas seulement attirée par sa participation à des procès très médiatisés et ses déclarations sur des sujets d’actualité politique.
Ce qui est intéressant, ce n’est pas tant le fait qu’hier, lundi 6 juillet, dans la répartition des portefeuilles ministériels au sein du nouveau gouvernement, Maître Dupont-Moretti a été nommé ministre de la Justice de la République française.
Le père d’Eric Dupont-Moretti était sidérurgiste et est mort alors que le futur ministre n’avait que 4 ans. Sa mère, une femme de ménage italienne, a élevé son fils seule. Il a la citoyenneté française et italienne.
Selon ses propres paroles, Eric Dupont-Moretti, l’histoire familiale l’a poussé à devenir avocat. En 1957, son grand-père maternel a été retrouvé mort sur la voie ferroviaire. La famille a dû faire face à l’inaction de la police, peu désireuse d’enquêter sur le cas du pauvre immigrant italien. Cette histoire a peut-être joué un rôle dans l’incitation du futur avocat à étudier le droit.
Après avoir prêté serment de l’avocat en 1984, Maître Dupont Moretti est inscrit à l’Ordre des avocats de Lille pour 30 ans, et en 2016 il change sa « chambre d’admission » contre la parisienne.
Selon lui, dans le tout premier cas, le tribunal a envoyé le dossier qui lui était destiné à un autre avocat nommé Dupont. Depuis lors, Maître Dupont-Moretti utilise son double nom de famille comme « nom commun », ajoutant le nom de famille de sa mère à celui de son père.
Ayant initialement traité, par nomination, surtout des petites affaires pénales, il a atteint le point d’accepter des procès avec jury sérieux, le plus haut niveau de sa carrière d’avocat en droit pénal. En 1987, il a obtenu son premier verdict d’acquittement devant la Cour d’assises. En février 2020, il avait 145 affaires dans son arsenal. Un record absolu pour un avocat français !
Eric Dupont-Moretti avait également des conflits avec les organismes d’enquête, et les écoutes téléphoniques, et la tentative d’ouverture d’une procédure pénale contre lui en 1993, quand il a mené la défense d’une affaire de drogue, à cause de la détection dans sa voiture de traces de cocaïne, qui n’a jamais été finalisée … La carrière habituelle d’un talentueux avocat français.
Quant à la nomination d’hier au poste de ministre de la Justice, dont la presse française parle aujourd’hui, elle signifie probablement un changement dans l’ancienne politique du ministère et son virage vers le barreau.
En effet, la relation des avocats avec l’ancienne ministre de la justice, anciennement professeure de droit de l’Union européenne et représentante du corps enseignant, n’était pas simplement désastreuse. La politique du ministère précédent a été marquée non seulement par de nombreux conflits, comme les grèves des agents pénitentiaires exigeant un changement des conditions de travail, qui ont conduit à la pire crise dans ce domaine depuis 1990, mais aussi par les nombreux problèmes liés à la réorganisation du système judiciaire et de la carte judiciaire de la France. Toutes ces contradictions n’ont fait que s’intensifier avec l’arrivée du Coronavirus.
Les relations entre le ministère et l’ordre des avocats n’étaient pas non plus très bonnes. La réforme du système de sécurité sociale, fortement encouragée par le gouvernement, avait provoqué des protestations de la part des avocats. Ils ont exprimé leur profond désaccord avec la modification du régime de retraite qui leur est applicable, ce qui a donné lieu à ce qui est peut-être la plus grande manifestation d’avocats l’automne dernier, ainsi qu’à des grèves d’avocats qui ont paralysé de moitié le système judiciaire français de décembre 1999 à mars 2020. Depuis mars, la situation n’a fait que s’aggraver depuis les mesures sanitaires. Selon toute vraisemblance, la justice française aura beaucoup de temps pour trier les débris accumulés à la suite de six mois d’audiences reportées.
Dans ce contexte, la nomination lundi d’un nouveau gouvernement avec un avocat comme ministre de la Justice ne peut que susciter l’enthousiasme de la profession juridique française. Malgré la personnalité médiatique d’Eric Dupont-Moretti, il est clair que c’est un homme qui fait d’acier et un vrai avocat par ses convictions, basé sur la conviction que tout client mérite d’être défendu au tribunal. Sa phrase : « J’aurais défendu Klaus Barbier [LD – le criminel nazi connu sous le nom de « Boucher de Lyon »] et même Hitler si j’avais été appelé à le faire » mérite d’être mentionnée.
Dans le même temps, la réaction à cette nomination de la part des juges a été, pour le moins, plus discrète, car Eric Dupont-Moretti, qui a la réputation de ne pas exagérer, n’a pas hésité à affronter ouvertement le pouvoir judiciaire, l’accusant d’arbitraire et de manque de respect envers les avocats.
Le nouveau ministre de la justice, et peut-être le changement de cap associé à cette nomination, promet un automne plus qu’intéressant pour l’ensemble de la justice française.
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